dimanche 8 septembre 2024

« L’Avant-scène à Nice : l’impasse de la bétonisation à outrance »



Communiqué de presse de l’association Tous citoyens :

« L’Avant-scène à Nice : l’impasse de la bétonisation à outrance »

Le chantier de l’immeuble « l’Avant-scène » est à l’arrêt. Situé dans le quartier de l’Arénas, face au nouveau pôle de transport multimodal, l’aile Est de ce bâtiment de 36 000 m2 de surface au sol s’est enfoncée dans le sol de 16 cm.


Notre association Tous citoyens a été saisie par l’un des nombreux acquéreurs lésés. Nous demandons aux différents acteurs de ce dossier de faire toute la transparence nécessaire :
  • Le promoteur immobilier, le groupe Quartus
  • La Ville de Nice et la Métropole Nice Côte d’Azur
  • L’Établissement Public d’Aménagement (EPA) « Nice Eco vallée » qui pilote l’Opération d’Intérêt National (OIN) Plaine du Var
  • Le préfet des Alpes-Maritimes
Un constat s’impose et, a minima, deux questions se posent.

Le constat : une bétonisation en dépit du bon sens

Le projet immobilier l’Avant-Scène est situé dans la plaine du Var, dans une zone anciennement classée inondable et inconstructible. L’aménagement urbain de cette zone fait partie l’OIN Plaine du Var, projet dénoncé par de nombreuses associations et élus locaux depuis plusieurs années, qui aboutit à la bétonisation de zones naturelles et de terre fertiles, les anciennes cultures maraichères de Nice.


Le bâtiment l’Avant-scène, géré par le groupe Quartus, est contigu, au Sud, à la nouvelle gare Sncf Saint Augustin et à la nouvelle gare routière, et, à l’Est, aux trois arrêts de tram L2 et L3 « Grand Arénas ». Il est situé à 70 mètres à peine, à l’Est toujours, du tunnel en cours de construction reliant la voie rapide à l’autoroute A8.


L’immeuble est positionné, à l’Ouest, à proximité du Marché d’intérêt National (MIN) où doit être implanté le futur palais des congrès. L’Avant-Scène est donc au cœur d’un projet phare de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d’Azur : un nouveau pôle économique constitué d’un palais des congrès et de bureaux entourés d’hôtels de luxe, situés à proximité de l’aéroport (devant lui aussi faire l’objet d’une extension), d’une gare Sncf, d’une gare routière et de plusieurs arrêts de tram.

Si le projet économique peut, sur le papier, être séduisant, il se heurte à la réalité :

- Qui a pu penser construire un bâtiment aussi lourd et imposant sur un sol anciennement inondable ?

- Qui a pu penser que ce bâtiment ne subirait pas les vibrations causées par le passage incessant des trams et des trains ?

- Qui a pu penser que creuser le tunnel souterrain de la voie rapide dans un périmètre si réduit n’entraînerait aucune conséquence sur l’immeuble en cours de construction ?

La réalité est simple : la bétonisation à outrance et en dépit du bon sens, mène à l’impasse.

Question n°1 : quel accompagnement des acquéreurs lésés ?

Le permis de construire initial délivré par l'Etat date du 13.08.2018. Un permis modificatif a été délivré le 19.05.2021.

Les acquéreurs, séduits par un projet validé et soutenu par l'Etat, la mairie, la métropole et l'EPA Nice Eco Vallée, ont fait confiance au promoteur immobilier. La livraison initiale était prévue pour fin 2023. Elle a été reportée à début 2025, puis… fin 2026 !

Après que le sinistre ait été déclaré (bâtiment enfoncé dans le sol) et après l’arrêt du chantier, une expertise judiciaire a été rendue en septembre 2023 qui avançait l’hypothèse de consolider l’édifice par micro-pieux, des tiges d’acier plantées dans le sol tout autour du bâtiment. L’assureur demande désormais que toutes les pistes soient étudiées, y compris la démolition partielle ou totale. En clair, démolir reviendrait peut-être moins cher que consolider. L’expert judiciaire doit étudier toutes les options en vue de la prochaine réunion d’expertise du 9 octobre prochain.

Si le promoteur est responsable légal du projet, l'Etat a autorisé la construction. La Ville, la Métropole et l’EPA Nice Eco Vallée ont publiquement soutenu le projet et ont dans ce dossier une responsabilité morale. Comment se fait-il que l’ensemble des acquéreurs n’aient pas été reçu, a minima, par la Ville de Nice ? Qu’ils restent sans nouvelles hormis des courriers sporadiques du Groupe Quartus les menant de déconvenues en déconvenues ? Quel accompagnement et, éventuellement, quels dédommagements sont envisagés ?

Question n°2 : quel avenir pour l’Avant-Scène et l’ensemble du périmètre ?

Très concrètement, que va devenir le bâtiment ? Être renforcé et « redressé » ? Être construit mais en étant partiellement détruit ? Être totalement rasé ? Si destruction totale, que va devenir ce site ensuite, sera-t-il renaturé ?

Le maire de Nice, dans sa première missive à l’encontre du promoteur, évoquait un « défaut de conception » du bâtiment, ce qui semble être une évidence. Mais, s’il y a un défaut de conception du bâtiment « l’Avant-Scène », n’y a-t-il pas également un défaut de conception de l’aménagement urbain de l’ensemble du périmètre ? Est-il réellement sérieux de construire un pôle multimodal et un bâtiment de 36 000 m2 de façon concomitante au creusement du tunnel de la voie Mathis, le tout en zone anciennement inondable ?

Un autre immeuble devait être construit entre l’Avant-Scène et le tunnel de la voie Mathis, face au bâtiment « Connexio », comprenant 75 logements en « coliving » et des commerces. La conception du projet a été accordée par l’EPA Nice Eco vallée à l’opérateur « Apsys, aire nouvelle » en 2022. Ce projet, qui n’a toujours pas démarré, sera-t-il lui abandonné avant le premier coup de pioche ?

Le député Éric Ciotti cible le maire de Nice à propos de l’Avant-Scène, dans la poursuite de leur rivalité politicienne, mais le Département 06 dont il a été président et où il siège encore est membre du conseil d’administration de l’EPA Nice Eco Vallée qui a conçu l’aménagement de la Plaine du Var. Et c’est bien le projet de l’OIN Plaine du Var qui prévoit de bétonner l’ensemble de cette zone. Ne voir que les difficultés de construction d’un immeuble donné sans s’interroger sur l’ensemble de l’aménagement urbain de la zone entière serait une erreur.

Les déboires de l’Avant-Scène s’ajoutent à ceux de la construction de la nouvelle gare Saint Augustin et à ceux du tunnel reliant la voie rapide à l’autoroute qui a nécessité l’injection de ciment en urgence pour consolider le lit de l’édifice et qui devait initialement être livré en juin 2024. La réalité est pourtant simple : on ne construit pas sur des sols instables et sablonneux.

Ces différents chantiers auraient, selon la presse locale, pompé plus que de raison dans la nappe phréatique. Le préfet Moutouh vient enfin d’acter le conditionnement du développement urbain et des constructions à venir aux disponibilités de ressource en eaux. Nul doute que si une telle décision avait été prise avant le lancement des chantiers du pôle multimodal, du tunnel de la voie Mathis et de l’Avant-Scène, ces constructions auraient été revues à la baisse ou totalement empêchées.

L’ensemble du périmètre était autrefois classé inondable et inconstructible. Le porté à connaissance du préfet Gonzales, en février 2023, reclasse une partie alors constructible en zone rouge inondable, englobant une partie de l’aéroport et du quartier de l’Arénas.



Cette zone est limitrophe au MIN qui doit accueillir le futur palais des congrès, au pôle multimodal, à l’Avant-Scène et au reste du quartier de l’Arénas.

Dans ces conditions, et ce zonage pouvant encore évoluer, est-il raisonnable de poursuivre les constructions dans un périmètre si proche de la zone rouge inondable ?


Notre association demande :

- Que les acquéreurs de logements au sein de l’Avant-Scène soient reçus dans les plus brefs délais, réellement accompagnés et le cas échéant dédommagés.

- Que toute la transparence soit faite par le groupe Quartus, le préfet et la Ville de Nice sur la situation de l’Avant-Scène.

- Que toute la transparence soit faite par la Ville de Nice, la Métropole, l’EPA Nice éco vallée et le préfet sur l’aménagement de la plaine du Var, les avancées et retards des chacun des projets en cours.

- Qu’un moratoire soit décrété sur toute nouvelle construction dans la Plaine du Var tant que toute la transparence n’aura pas été faite sur chacun des projets en cours et que l’ensemble des risques n’auront pas été réévalués.



Nice, le 8 septembre 2024
Association Tous citoyens !

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