vendredi 12 août 2022

Demandeurs d'asile à Nice : une évacuation inhumaine



Communiqué de presse de l'association Tous citoyens

Demandeurs d'asile à Nice : une évacuation inhumaine


L'évacuation du campement de demandeurs d'asile situé sur la digue du port de Nice a eu lieu ce matin.

Le camp s'est peu à peu constitué il y a deux ans et a regroupé des occupants successifs. Il s'agissait principalement de demandeurs d'asile venant d'Afrique subsaharienne mais aussi de ressortissants français sans ressources, bénéficiaires du RSA. Nous y avons, au fil de nos visites, rencontré trois mineurs : deux mineurs isolés étrangers accompagnés pour demander la protection de l'enfance et un mineur français,en fugue de chez ses parents, accompagné auprès des services sociaux. Il s'agit donc tout autant d'une poche de pauvreté regroupant des personnes vulnérables qu'un "camp de migrants" tel que présenté par les autorités.

Nous dénonçons cette évacuation honteuse. Il s'agit d'un acte grave et profondément inhumain pour au moins cinq raisons :

1. La destruction des biens :
Même si la mairie a obtenu le recours de la force publique pour évacuer ce campement, rien ne l'autorise à détruire les affaires des occupants. Or les tentes, les habits, un téléphone et même des papiers d'identité ont été détruits par les services de nettoyage de la ville.
Même SDF, même demandeurs d'asile, ces personnes ont des droits et la destruction de leurs biens est illégale.

2. La Ville de Nice renonce à sa vocation sociale :
La Ville de Nice doit, via son Centre Communal d'Action Sociale, proposer un accompagnement social et un hébergement d'urgence aux personnes vulnérables. Au lieu de cela, elle chasse les personnes pauvres pour les rendre invisibles. Elle renonce à son rôle social au profit d'une politique sécuritaire. Elle ne fait, en réalité, que déplacer le problème.

3. Cette évacuation porte atteinte au droit d'asile
Respecter le droit d'asile ce n'est pas uniquement enregistrer et traiter des demandes, c'est accueillir dignement les demandeurs le temps de l'instruction de leur dossier. Le Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile et les foyers du 115 sont saturés. Un demandeur d'asile bénéficie d'une allocation d'attente d'environ 420 € par mois et n'a pas le droit de travailler durant les six premiers mois qui suivent le dépôt de sa demande. Quelle autre solution, dans ces conditions, que de dormir dehors ? Cette précarisation des demandeurs d'asile est organisée et, une fois à la rue, ils sont traqués et chassés.

4. La Ville de Nice mène une politique discriminatoire :
Alors que la mairie a assuré l'accueil des réfugiés ukrainiens, leur prise en charge sociale et sanitaire ainsi que la scolarisation de leurs enfants, elle laisse à la rue les autres exilés et les évacue de camps en camps.
La Ville de Nice doit accueillir tous exilés, ukrainiens et non ukrainiens, de la même manière, sans tri ni discrimination.

5. Les demandeurs d'asiles sont les victimes de rivalités politiciennes
En évacuant ce campement, la Ville de Nice cède aux demandes de l'extrême droite.
Le maire de la Ville, Christian Estrosi, porte un discours répressif dans une surenchère permanente avec le député Eric Ciotti.
Les demandeurs d'asile sont, à Nice, les victimes de règlements de compte politiciens entre les droites locales.
Nous appelons les responsables politiques de tous bords au respect du droit et de la dignité humaine.

Les occupants de ces camps, demandeurs d'asile comme ressortissants français en situation de précarité ont besoin d'accompagnement social et administratif. La traque des personnes vulnérables est une pratique inhumaine et totalement inadmissible.


Association Tous citoyens, Nice, le 12 août 2022

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